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“L’énergie de ces chanteurs touche, ils ont envie”

“L’énergie de ces chanteurs touche, ils ont envie.”

Depuis plus d’un an, la soprano Nicole Kuster transmet son savoir lyrique aux apprentis chanteurs guadeloupéens. Elle tire toute la richesse de son enseignement de sa carrière de soliste, de professeur de chant et d’histoire de la musique.

 

“Entretien” 

1. Pourquoi s’être lancée dans l’aventure Carib’Opera ?

Je connais Jean-Loup Pagésy depuis de nombreuses années.
Lorsqu’il m’a proposé de rejoindre Carib’Opera, l’idée m’a parlé tout de suite. J’ai enseigné quelques semaines dans mon pays de coeur l’île Maurice, et même si c’est l’exact opposé géographique, ce projet me ressemblait !
J’aime transmettre ce que j’ai moi-même reçu : un savoir faire technique, artistique et la découverte d’un répertoire.

 

2. Comment se passe un cours de chant ?

Les cours se divisent en deux parties.
La première se concentre sur la technique vocale : nous faisons des vocalises. À chaque fois, je les personnalise en fonction du niveau​ de chaque élève.​
La seconde, pour les cours​ individuels, se consacre au morceau que l’élève souhaite découvrir.
Dans ces cours privés, les élèves chantent par plaisir et ne se lancent pas dans des carrières professionnelles;  je suis donc moins directive sur le répertoire, et, dès que possible, les laisse choisir ce qui leur plaît de travailler.
Nous échangeons souvent par mail en amont pour les aider à préparer leur air.

Lorsque j’ai affaire à un futur professionnel, le plaisir reste primordial comme moteur de progrès mais je suis plus exigeante sur la rigueur du travail et plus dirigiste sur le choix du répertoire.

Lors des cours collectifs avec le jeune choeur, nous travaillons davantage les ensembles.
Nous nous concentrons sur le travail de groupe sans individualiser l’apprentissage. Cela pourrait être gênant pour un choriste de le faire travailler seul face aux autres.

 

3. Y a-t-il des précautions à prendre dans le travail avec les chanteurs ?

Oui !
Votre voix, c’est votre identité. Dès lors qu’on travaille en cours de chant, on s’aperçoit qu’on a beaucoup plus de capacités vocales que ce que l’on pensait.
Cela peut être un peu perturbant, mais c’est surtout très positif et enrichissant. Concrètement, quand un élève suit une consigne, il modifie son émission sonore (c’est le but : un progrès, c’est un changement positif).
Sa voix sonne alors différemment et, parfois, de façon si surprenante qu’il est difficile pour l’élève de reconnaître ce changement comme un progrès. Je m’efforce toujours de donner une consigne qui n’amène pas un changement trop brusque et je suis là pour aider mon élève à accueillir ce changement comme un progrès, pour éviter les crispations et dissiper les doutes.

 

4. Qu’avez-vous découvert auprès de vos élèves guadeloupéens ?

Ils sont très curieux et ont soif d’apprendre ! Grâce à l’ouverture sur le monde qu’offre internet, ils découvrent de nombreux airs et ont accès aux partitions. Ils vivent cela de manière très décomplexée : un air très difficile ne les effraie pas ! Ils vont essayer, le travailler et le présenter au cours. Et tout cela avec beaucoup de modestie : ils ont le sentiment qu’ils n’ont relativement peu de connaissances de l’art lyrique et débordent d’envie de le découvrir !
Ils ont une énergie magnifique et beaucoup ont un très beau potentiel vocal.

 

5. Qu’est-ce qui vous marque dans le travail effectué avec eux ?

Leur envie !
Quelque soit leur âge, ils ont gardé toute leur fraicheur.
Pour eux, l’art lyrique n’est pas qu’un divertissement, c’est un apprentissage.
Ils ont conscience de leur chance d’étudier.
Et c’est une notion importante pour moi : nous sommes tous étudiants toute notre vie !